Faire ce qu’il faut.
J’écrivais dans une réponse à un ami : « Oui je crois que tu analyses bien pour catherine, cela laisse réfléchir sur la force des sentiments que l’autre ressent, de la douleur et la nécessité de comprendre l’autre en *empathie , pour bien voir ce qu’il vit réellement et se comporter comme il faut…»
J’aime bien cette idée de « comme il faut »… bien sûr « il ne faut pas » , chacun ne doit que les obligations qu’il accepte. Mais l’idée est de comprendre justement cette nécessité de l’empathie qui te conduit à être là ou tu voudrais que l’on soit pour toi, ou la ou tes convictions profondes d’amour, d’amitié te disent d’aller.
Je pense parfois à cette projection que certains font en disant : «si j’étais là sur mon lit de mort que ferais-je, que dirais-je , qu’est-ce ce qui est important ou que je ne voudrais pas avoir fait ou au contraire ce que je voudrais avoir fait ou dit ?»
C’est comme ça que je vois le devoir… même si j’y inclue une notion de convenance aussi ou de règles comme une sorte d’éthique permanente, ainsi je pourrais dire : un frère, une sœur, un père , une mère, des amies ,… se comportent dans la bienveillance, l’amour, ou encore une injustice doit être dite, combattue…une violence .. doit être évitée,… ,
D’où viennent ces principes moraux?
Sûrement trop facile d’y attacher la religion, … La religion n’est venue que certifier, en quelque sorte, ces idéaux éthiques, parfois en les codifiants, comme l’état en légiférant…
Sur quoi repose nos idéaux moraux… sur la satisfaction , la récompense endocrinienne de notre cerveau… ? Mais comme le pense Freud et beaucoup de psychanalystes les pulsions , la satisfaction du désir pulsionnel ne s’embarrassent pas de morale…les pulsions sont équivalentes mort/vie… alors comment ses devoirs moraux se déterminent-ils, ou plutôt pourquoi… pour dompter la violence de la vie, la canaliser, tenter de maintenir une vie moins dure, éliminer la souffrance, tendre vers une vie meilleure ?
Je pencherais plus pour une sorte d’expérience collective, qui déterminerait finalement le bien comme ce qui nous a permis de survivre en tant qu’espèce dans un monde hostile ou dangereux.
Les anthropologues pensent qu’une des raisons de la survie de notre espèce c’est, outre ses capacités cognitives intrinsèques, le développement de l’empathie pour solidifier les liens personnels et parvenir à une entente collective qui soit accepté au moins majoritairement, pour y développer des stratégies de survie, puis de développement.
Malheureusement tout se passe comme si , une fois ces stratégies gagnantes mises en place, une fois la survie acquise, les autres pulsions humaines, certainement même, mènent d’autres stratégies de puissance, de pouvoirs, qui viennent les remettre en cause. Comme pour établir une sorte d’équilibre morbide.
Nous sommes bien ainsi, regardons, dans les crises que nous subissons ou provoquons, volontairement ou non, nous allons préférentiellement trouver des moyens de les surmonter ensemble, parce que nous savons que l’expérience humaine nous a montré que nous réussirons ansi. Et à cette occasion de nombreux obstacles sont vaincus , dépassés, mais dès que le calme ou la routine reviennent alors nos mauvaises habitudes reprennent le dessus, la jalousie, la suspicion du doute… le ressentiment, l’égoïsme . Tout cet effort d’empathie, de compréhension mutuelle, peut être anéanti, passé par pertes et profits, sauf à faire, de nouveau, l’effort de lutter contre nous même souvent ou contre les autres.
Je situerai le “devoir” dans cette dimension du maintien de cette stratégie empathique, de la continuité d’une stratégie gagnante, même si elle implique efforts et sacrifices . Si je “dois” le faire c’est parce que je décide de maintenir cette relation à l’autre coûte que coûte. Ce que je dois faire c’est donc ce qui permet de maintenir cette empathie réelle et active. J’admets que c’est le véritable objectif au fond.
La bienveillance, l’écoute, l’aide, le don, l’équité ou l’égalité sont les moyens de maintenir cette stratégie.
Ce devoir d’empathie peut aussi s’appeler devoir moral, car c’est cette stratégie empathique qui génère des actes moraux, au sens juste et bon.
Personnellement, c’est sûrement pour cette raison que je garde une référence à l’évangile, parce que si il y a un texte religieux qui s’inscrit pleinement dans ce devoir d’empathie, pour proposer une morale et une règle de vie, hors institutions sociales et politiques c’est bien l’évangile.
Assez amusant de relié à cette idée de stratégie du devoir empathique ou moral, ce que nous dit la stratégie des jeux, la coopération est le seul moyen de maximiser ses chances de gain et non pas ses gains. Mais quand on ne connaît pas l’avenir faut-il maximiser ses chances de gains,ou minimiser ses chances de pertes?
Question de point de vue. La guerre est la stratégie qui permet de minimiser le mieux ses chances de pertes. La coopération est la stratégie qui permet de maximiser au mieux ses chances de gains.
Ce premier devoir, exposé comme le devoir d’empathie, qui mène au devoir dit moral me paraît le plus important. Mais il existe d’autres devoirs, ceux imposés par les règles, le droit. Ce devoir est issu d’une décision humaine de rendre obligatoire des actes qui ne seraient pas faits spontanément par les hommes.
Souvent ces règles sont le moyen de forcer la réalisation du devoir moral, mais elles peuvent aussi servir des intérêts collectifs ou particuliers qui ne sont pas les siens.
Doit-on se soumettre aussi à ces “devoirs” dont la finalité n’est pas systématiquement l’accomplissement du devoir moral ? Un exemple en est l’obligation alimentaire à la différence des devoirs légaux qui visent à maintenir un système économique et politique en place comme le respect des règles du contrat de travail ?
Si l’on exclut l’ensemble des règles qui visent à maintenir le fonctionnement social, que je traduirais par les règles du devoir civique, la civilité , la démocratie, c’est à dire les règles qui assurent l’équilibre de la société parce qu’elles correspondent à un devoir moral envers les autres, il reste les règles et lois qui assurent le fonctionnement de la réalité sociale en tant que système social, économique et politique. Le principe n’est plus le devoir moral, ou civique, mais un devoir qui s’inscrit dans le soutien, l’institutionnalisation d’un pouvoir économique ou social.
Ce qui en soit n’est pas condamnable, mais qui n’est pas de la même nature. Nous devons obéissance à ce deuxième type de lois que dans la mesure où nous acceptons le système économique , social, et politique en place.
Le devoir d’empathie, qui génère le devoir que nous appelons moral est donc le seul devoir absolu sans soumission à une organisation de pouvoir. Ce devoir moral est donc premier. 😂
Si je cherche où est mon devoir, je peux trouver la réponse dans l’idée que ce que je fais pourrait être ou non universalisé, et que ce serait pour une vie meilleure ou non.
Implicitement le retour à l’empathie et au devoir d’empathie comme devoir moral, est bien dans cette idée que je dois le faire parce que c’est bon pour l’universalité humaine dans sa recherche d’une vie meilleure.
Disons que je propose un chemin d’action qui vise à atteindre cet objectif, que je résume par le devoir d’empathie.
*empathie : attitude psychologique qui consiste à se mettre à la place de l’autre, pour tenter de ressentir ce qu’il ressent, voir ce qu’il voit. Et de ce fait adapter une réponse, une attitude qui tienne compte de l’autre et qui puisse lui paraître satisfaisante.